Avec Capsana, Cœur + AVC, la Société canadienne du cancer et l’Observatoire de la prévention, nous invitons le gouvernement à taxer les boissons sucrées.
Le Québec peine à répondre à la demande en soins de santé de sa population et les dépenses liées à la gestion de la maladie sont telles qu’il faudra tôt ou tard amputer d’autres projets et secteurs importants pour la population. Parmi ces dépenses, on compte les maladies chroniques, dont près de la moitié de la population québécoise est atteinte. Mais saviez-vous que la boisson sucrée est associée à plusieurs de ces maladies ?
Cancer, maladies cardiovasculaires, diabète de type 2, hypertension, caries et érosion dentaires, détérioration de la santé osseuse, foie gras et obésité : voilà toutes des maladies associées à une surconsommation de boissons sucrées. Si l’on y ajoute de la caféine; les troubles du sommeil, l’irritabilité et l’arythmie s’additionnent à cette longue liste. Et que dire de l’empreinte écologique de ces boissons ? Les bouteilles de Coca-Cola, de PepsiCo et de Nestlé figurent au top 5 canadien des déchets de plastique les plus retrouvés sur nos berges. Ce sont des contenants à usage unique dont la production et le transport produisent des gaz à effet de serre non négligeables. La production d’une simple cannette génère le double de son poids en gaz à effet de serre.
Il ne s’agit pas d’un « péché alimentaire », mais d’un produit nuisible à la santé et à la planète ! Les boissons sucrées occupent une place trop importante dans notre alimentation. Au Québec, plus de la moitié de la population consomme des boissons sucrées chaque jour. Les jeunes sont friands de ces bonbons liquides en formats géants et aux couleurs attrayantes.
Les fabricants de boissons sucrées sont redevables à la société pour les conséquences de leurs produits sur l’économie québécoise : le fardeau qu’ils occasionnent sur le système de santé, la gestion des déchets qu’ils imposent aux municipalités, l’absentéisme au travail qu’ils induisent en contribuant aux maladies chroniques et à notre eau qu’ils gaspillent pour en faire un produit non essentiel. Dans plusieurs pays, une taxe sur les boissons sucrées a permis de réduire la consommation et de réinvestir les sommes dans des programmes de prévention. Cette taxe envoie un signal clair qu’il s’agit d’un produit à consommer à l’occasion. Lorsque les revenus de la taxe sont réinvestis en prévention, l’appui envers cette mesure est fort. Près de huit personnes sur dix sont en faveur d’une taxe sur les boissons sucrées dont les revenus sont réinvestis dans un programme de saine alimentation scolaire.
Le gouvernement du Québec doit déployer des actions pour assurer une santé collective, et cela commence par des actions fortes et appuyées par la science, comme la taxation des boissons sucrées. Prévoir une taxe sur les boissons sucrées dans le prochain budget québécois permettrait en plus de réinvestir les sommes en prévention dans des programmes ou des initiatives pour améliorer l’accès aux aliments sains. Pensons à des initiatives comme les repas scolaires universels ou encore les coupons nourriciers pour les ménages à faibles revenus.
Il ne s’agit pas de « taxer pour taxer », mais bien de rééquilibrer la place d’un produit non essentiel et nuisible, en plus de se donner les moyens de réduire le fardeau des maladies. Pour un Québec sain, le gouvernement a tout intérêt d’instaurer une taxe sur les boissons sucrées.
Corinne Voyer, directrice du Collectif Vital
David Raynaud, gestionnaire principal Québec – Défense de l’intérêt public, Société canadienne du cancer
Guy Desrosiers, chef de la direction, Capsana
Dr. Martin Juneau, cardiologue et directeur de l’observatoire de la prévention, Institut de cardiologie de Montréal
Marc-André Parenteau, conseiller principal, Affaires gouvernementales et défense des intérêts, Québec, Cœur + AVC